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Clément a acquis une grande expertise dans le milieu RH après ses expériences chez Danone, Nestlé et désormais L'Oréal. Passionné de sport et en particulier de football, il a arpenté pendant de nombreuses années son couloir gauche, délivré des passes décisives "caviar" et fait trembler les filets. Clément fait aujourd'hui profiter La Pause Baskets de son savoir et de sa fine analyse des liens entre le monde du sport et des RH.
Quand le sport de haut niveau est une source d’inspiration pour son développement professionnel
#Episode 2
L’hybridation des parcours professionnels : le secret pour être un(e) game changer et jouer les premiers rôles ?
Le football du XXème siècle a consacré des légendes du jeu qui avaient pour point commun d’être des emblèmes et spécialistes de leur poste occupé sur le terrain. Meneur de jeu ? On pense évidemment à Maradona, Pelé, Platini ou Zidane avec leur mythique n°10 au dos du maillot. A l’époque cela signifiait quelque chose d’être un numéro sur le terrain, avec pour chacun ses héros : libero n°5 ? Laurent Blanc ! Buteur n°9 ? Ronaldo ou Trezeguet !
Tout au long du siècle dernier, le jeu a évolué et l’une des caractéristiques fondamentales du football moderne peut se résumer avec cette formule triviale régulièrement employée par les journalistes et commentateurs : le dépassement de fonction ; cette capacité à aller au-delà des pré-requis inhérents à son poste. Juste savoir défendre pour un défenseur n’est plus suffisant, tout comme un milieu défensif dont les qualités se limiteraient à savoir récupérer le ballon sans savoir optimiser son utilisation. Aux anciens postes de spécialistes (stoppeur, libero, ailier…) se sont substituées des notions beaucoup plus larges et englobantes. On parle désormais de 9 et demi, milieu relayeur, milieu créateur, défenseur relanceur… Autrement dit, des joueurs qui cumulent plusieurs rôles sur le terrain.
On pourrait faire l’analogie avec d’autres sports collectifs qui ont évolué dans le même sens : Tony Parker en NBA a élargi la palette du rôle de meneur (joueur chargé de distribuer la balle et d'organiser le jeu en attaque) en affichant des moyennes de score insolentes (régulièrement au-dessus des 20 points par match) ; Nikola Karabatic en handball qui donne cette sensation ébouriffante d’être au four et au moulin en partageant son influence entre l’arrière, la mène du jeu, et son rôle de buteur ; ou encore le Stade Toulousain en rugby où beaucoup de joueurs peuvent aisément couvrir tous les postes des lignes arrières, du 9 au 15 !
En développant une certaine forme de polyvalence, ces joueurs ont accompagné l’évolution de leur sport, et mérité leur qualificatif de joueurs modernes. Mais ne nous méprenons pas, par polyvalence il ne faut pas entendre moyen en tout. Le niveau d’exigence persiste malgré une palette de compétences devenue plus étendue.
Il est intéressant d’observer que cette notion de dépassement de fonction trouve un écho retentissant dans la sphère professionnelle.
Le taylorisme, le fordisme, ont été des modèles d’organisation de référence à leur époque et avaient pour caractéristique une verticalité et stricte séparation des tâches entre les travailleurs d’une unité de production. Le toyotisme et le lean management marquèrent une rupture qui ouvrit la voie à une responsabilité accrue et au dépassement de fonction pour les ouvriers sur les lignes de production. Ils étaient désormais en capacité de détecter des pannes, mais aussi et surtout de pouvoir proposer à leur niveau des solutions de résolution du problème, en partant du principe qu’ils étaient les mieux placés pour le faire, maîtrisant mieux que quiconque l’utilisation de leurs machines.
D’autres modèles organisationnels (mode agile, holacratie et entreprises « libérées ») sont venus nourrir cette idée du dépassement de fonction et tendent vers une hybridation des rôles de plus en plus forte. Hybridation car dans un écosystème business VUCA (Volatility/ Uncertainty/ Complexity/ Ambiguity) et interdépendant, la transférabilité de ses compétences d’un métier à un autre est devenue absolument clé.
On parle d’ailleurs de moins en moins de postes ou de métiers, on fait désormais davantage référence à des rôles, au carrefour de multiples expertises : rôles de product owner (si on devait le définir simplement, ce rôle consistant à être le CEO de son produit), growth hacker (mêlant des compétences en digital/ développement / business), e-key account manager (au carrefour d’expertises en digital/ commercial/ supply chain), revenue growth manager (finance/ ventes)… on pourrait multiplier les exemples.
Se construire une carrière professionnelle dans un domaine d’expertise spécifique peut encore présenter un avantage compétitif sur le marché, notamment dans un contexte de raréfaction des profils et de guerre des talents.
Mais avec l’obsolescence croissante des compétences (disparition de métiers et émergence de nouveaux sous l’effet de la digitalisation et de l’intelligence artificielle) une voie alternative existe pour développer et préserver son employabilité.
Capitaliser sur ses soft skills (la méta-compétence Apprendre à apprendre, et les 4C Créativité/ esprit Critique/ Communication/ Curiosité) et opérer l’hybridation de son parcours professionnel en transférant ses compétences vers des rôles diversifiés est certainement un excellent moyen de développer son employabilité, être un vrai game changer dans son écosystème, maximiser ses chances d’avoir un impact fort et faire bouger les lignes dans son organisation.
Alors ?
Prêt(e)s à oser les pas de côté et devenir le nouveau Tony Parker de votre boîte ? ;)
