Clément a acquis une grande expertise dans le milieu RH après ses expériences chez Danone, Nestlé et désormais L'Oréal. Passionné de sport et en particulier de football, il a arpenté pendant de nombreuses années son couloir gauche, délivré des passes décisives "caviar" et fait trembler les filets. Clément fait aujourd'hui profiter La Pause Baskets de son savoir et de sa fine analyse des liens entre le monde du sport et des RH.

Quand le sport de haut niveau est une source d’inspiration pour son développement professionnel

#Episode 1
Capitaliser sur ses points forts, la clé du succès

Durant toutes nos années passées sur les bancs de l’école puis de l’université, nous avons été nombreux à acquérir cette conviction que pour viser la performance et l’excellence, le meilleur moyen d’y parvenir serait d’être le n°1 dans tous les domaines. Cette petite musique nous a bercés et nous avons concentré beaucoup d’efforts pour travailler nos lacunes, consacré du temps et de l’énergie pour corriger nos points faibles. Fraîchement diplômés, nous avons presque naturellement transposé ces comportements dans la sphère professionnelle, les entretiens d’évaluation, de performance ou de fin d’année succédant aux examens, contrôles, concours de notre période étudiante ; nos managers pointant des aires de développement, constituant un point de focus pour l’année suivante.

Mais cette allocation des ressources entre les efforts consentis, les progrès constatés et la performance globale qui en résulte est-elle optimale ?

Le sport de haut niveau est à ce titre une source d’inspiration et nous démontre que c’est au contraire en travaillant encore davantage nos points forts et atouts naturels, que nous sommes en capacité de « faire la dif’ » et atteindre l’excellence, à défaut obtenir une performance optimale. Cela peut instinctivement sembler contre-intuitif mais pourtant cette recette se vérifie universellement dans toutes les disciplines sportives, individuelles et collectives.

Thierry Lincou, ancien champion de squash et ex-numéro 1 mondial, me racontait comment il travaillait un coup pour lequel il était déjà réputé être excellent : le retour de vitre. Il faisait ses gammes à l’entraînement, répétant inlassablement cette même situation de jeu 10 fois, 20 fois, 100 fois, lui faisant gagner les quelques centièmes de secondes lui permettant de se procurer le temps de réaction nécessaire pour anticiper tout type de rebond, régulier ou plus malicieux et préparer le bon geste pour mettre son adversaire hors de position. Comme tout processus d’apprentissage, il développait sa capacité à évoluer d’une zone d’effort à une zone de confort d’abord consciente puis inconsciente, automatique.

Raphaël Nadal a percé dans le tennis mondial grâce à des qualités physiques et mentales hors du commun et techniquement en s’appuyant sur son coup droit lifté dévastateur. Il n’est pas réputé pour avoir un revers et service extraordinaires et il est un piètre joueur de volée. Sur ces trois derniers points il a légèrement progressé au cours de ces 15 dernières années, pas de quoi pouvoir se démarquer par rapport au Top 100 mondial, mais juste de quoi rivaliser. Il a en revanche concentré ses efforts et son travail sur ce qui constituait déjà à l’époque ses points de force : une musculature surdéveloppée par rapport à un joueur de tennis moyen et donnant encore plus de puissance à son coup droit, des qualités physiques et une endurance hors norme, une préparation mentale de très haut niveau (sophrologie, visualisation mentale, méditation, gestion des émotions et des événements, etc…). Nous pourrions multiplier les exemples à l’envie…

Ces parallèles avec le sport de haut niveau sont transférables dans la sphère professionnelle. Que l’on fasse référence à des compétences techniques ou comportementales, l’atteinte de performance repose sur les mêmes processus et nous invite à peut-être repenser différemment notre approche, réflexion et stratégie de développement personnel. Nous avons tous des points en tête sur lesquels nous savons que nous sommes régulièrement reconnus et valorisés. A l’inverse, certaines situations professionnelles constituent des zones d’inconfort, des compétences que nous peinons davantage à mobiliser et activer.

Les efforts consentis pour développer ces axes d’amélioration valent-ils le coup ?

Oui très certainement si cette lacune est si importante qu’elle vous met en situation d’échec professionnel ; dans ce cas, il peut être opportun de vous poser la question suivante : est-ce que votre job actuel est le meilleur pour vous, en tout cas celui en mesure de vous épanouir pleinement. Mais si sur une échelle de 1 à 10 vous êtes aujourd’hui à 6 et que l’investissement temps/effort/argent est considérable pour monter à 7, alors il probablement plus optimal de concentrer cet investissement et ces ressources pour développer des points de force qui vous permettront de créer une différence encore plus marquée et être reconnu(e), valorisé(e) pour cette expertise ou compétence importante pour l’entreprise.

A ce sujet, le principe de Pareto prend ici encore tout son sens (80 % des effets sont le produit de 20 % des causes) et nous invite à re-challenger notre allocation des ressources, au service de notre développement personnel. Quel meilleur retour sur investissement espérer pour nous-mêmes ? Commencez par faire le diagnostic de vos talents, spécialités, zones de force. La suite du chemin s’éclairera ; tous les champions sportifs de haut niveau seront là, en bord de route, pour vous encourager à persévérer et continuer à vous inspirer !